Pour faire simple, on peut dire qu'une niche est un segment de marché défini par la nature des produits qui le composent et dont le développement se fait, dans un premier temps, de manière spontanée, parfois en dehors des canaux de promotion et de distribution habituellement en usage .
Certaines de ces niches disparaissent, fondent comme neige au soleil, d'autres au contraire se développent et s'imposent comme un genre à part entière. A New York, au début des années 80, les premiers rappeurs vivaient dans le Bronx, se produisaient au coin des rues et faisaient circuler leur musique sur des k7 distribuées à la main. Seules quelques radios communautaires en faisaient la promotion (lire Can't Stop Won't Stop : Une histoire de la génération hip-hop). Puis en une dizaine d'années, le rap est devenu le phénomène que l'on sait aux Etats-Unis, pour à son tour donner naissance au rap français, niche d'où sont sortis MC Solaar, NTM, I AM… soutenus à leurs débuts par quelques radios locales, et qui à leur tour…
Si toutes les industries pratiquent la segmentation de marché, les secteurs de l'édition culturelle sont les seuls à se développer suivant un principe de régénération extrèmement rapide de l'offre, à redéfinir les contours de leur activité en agglomérant en permanence une succession infinie de "tranches" les unes aux autres. Les faibles coûts de production dans le livre et le disque étant une composante particulièrement importante de ce phénomène.
Pour un éditeur, une niche est donc une façon d'aborder un marché en "verticalisant" les différentes étapes de sa démarche, du choix des productions sur lesquelles il s'engage jusqu'à celui des canaux de promotion qu'il pense être les mieux appropriés pour s'adresser au public choisi.
Si on observe les marchés globalement, force est de constater que ceux du disque et de la vidéo sont sévèrement frappés. Si on creuse, il est intéressant d'observer que la crise frappe particulièrement les produits très grand public, les blockbusters dont les ventes se chiffraient en centaines de milliers d'exemplaires, alors que les produits plus ciblés, de niche, se maintiennent plus facilement. Cette observation m'a été confirmée par plusieurs responsables vidéo d'enseignes de la distribution au cours d'entretiens que j'ai menés dans le cadre d'une étude sur la vidéo et la VOD. Un produit ciblé ne nécessitant pas d'importantes mises en place à sa sortie, la question qui se pose est donc celle de la disponibilité du produit, les bonnes quantités dans les bons magasins.
Internet, tout à la fois outil de promotion et canal de distribution (dématérialisée ou non) permet de pousser la logique de niche jusqu'à l'étape de la distribution. En permettant aux amateurs d'un genre en particulier de pouvoir se procurer les oeuvres de leur choix sur un site en particulier, un éditeur contourne le problème de la disponibilité de ses produits dans des magasins qui tendent tous à réduire leur stock de produits à faible rotation.
Sans être la solution à tous les maux, Internet et la téléphonie mobile – qui avec le développement des débits et des technologies se transforme aussi en plateforme multimédia - permettent de desserrer la pression qu'exerçaient les réseaux de distribution existants pour repenser le "mix distribution" comme on dit le "mix marketing"..
Organiser la distribution de ses produits sur les différents canaux existants (magasins physiques spécialisés ou non, sites marchands) et dans des formats adaptés (support physique, téléchargement, consultation en streaming) est une réflexion que les éditeurs de tous les secteurs doivent impérativement mener rapidement.
Reste à organiser et à diffuser l'information. On y reviendra.
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