Presque 700 romans (676). C'est un peu moins que l'année dernière (727) mais beaucoup plus que ne peut décemment en présenter un libraire (lire l'enquête du Le Monde, sur la rentrée littéraire chez Mollat), et beaucoup plus encore que la poignée qui seront critiqués dans les journaux et magazines importants.
Sachant que les ventes se cristalisent sur de moins en moins de titres, on (les éditeurs, lbraires, médias) sait déjà que le nombre d'invendus et d'auteurs dont personne n'entendra parler sera une fois de plus considérable. (À ce sujet, lire l'enquête parue dans l'Obs du 28 août sur les 54 jeunes écrivains publiés pour la première fois il y a juste dix ans.)
Pour mesurer l'écart entre les titres promus et les autres, il y a eux ans je m'étais lancé dans un travail de bénédictin qui consistait à rentrer dans un tableau Excel tous les ouvrages critiqués dans la dizaine de titres de presse écrite grand public sans lesquels point de succès ; Libé, Le Figaro, LeMonde avec leurs cahiers livre du jeudi, l'Obs, L'Express, LePoint, Télérama, les Inrocks, Elle.
Après une année de transition, j'ai repris cette ascèse à l'occasion de la rentrée littéraire. J'ai gardé la même liste de titres à laquelle j'ai ajouté l'émission Le Masque et la plume diffusée tous les dimanches soirs sur France Inter.
Le résultat est sans appel. Après seulement quinze jours de pige, je peux déjà vous annoncer - à l'instar de Jean-Etienne Cohen-Séat patron de Calmann-Lévy dans
Challenges ci-contre - que les laissés pour compte seront très nombreux et que les succès de cette fin d'année, tout comme les lauréats des futurs prix littéraires (novembre), se trouvent dans la liste de la petite cinquantaine de titres (sur 200) que vous trouverez dans le tableau ci-joint.
Sa lecture en est très simple. Les titres sont classés par ordre alphabétique, en couleur les titres qui ont reçu au moins deux citations dans les médias listés ci-dessus.
Est-ce à dire qu'il s'agit des meilleurs ? Quelle étrange question !
Si les libraires étouffent sous l'avalanche des nouveautés et que les médias n'attirent l'attention de leurs lecteurs que sur un petit nombre d'ouvrages, pourquoi les éditeurs publient-ils autant ? Parce que le secteur du livre est une industrie comme une autre, qu'il n'existe pas de recette miracle pour transformer une ramette de papier en livre à succès, de nombreux éditeurs pensent multiplier leurs chances de succès en multipliant le nombre de titres proposés.
Pourquoi les éditeurs ne changent-ils pas de méthode ? Bonne question à laquelle j'essaierai de répondre dans un prochain post après être allé poser la question à certains d'entre eux.
Et que deviennent les titres qui n'auront pas rencontré leur lecteur ? On pilonne en France 100 (cent) millions d'ouvrages par an sur un total d'environ 500 millions livres fabriqués.
Et t'appelles ça de l'analyse ? Eh ben mon vieux je vois mieux comment vous avez vos diplômes dans la formation professionnelle. Au moins, c'est instructif.
Rédigé par : marignac | 15 octobre 2008 à 20:05