À l'heure où Apple annonce* le lancement de sa plateforme de VOD, en s'appuyant non pas sur la force de son catalogue (qu'il n'a pas) mais sur son parc d'iPod vidéo et son AppleTV, le monde de l'édition vient de publier, à deux mois du salon du livre qui se tiendra en mars prochain, la liste des meilleures ventes 2006 qui, par bien des côtés illustre l'ampleur d'une crise annoncée. Ces deux annonces sont faites peu après que l'industrie du disque ait publié au MIDEM les résultats pour l'année écoulée (-11%).
Quel est le rapport me demanderez-vous entre ces trois annonces ?
Il faut tout d'abord oublier le regard que les acteurs du disque portent sur la crise qui les frappe et bien vouloir considérer que cette crise n'est pas née avec l'arrivée d'Internet, mais au milieu des années 80 lorsque les éditeurs ont sacrifié le réseau des disquaires indépendants sur l'autel de la croissance du chiffre d'affaires et des marges que permirent les effets conjugués de la pub télé, de la baisse de la TVA et du développement des rayons de CD dans les hypermarchés.
Tombée dans les vapes que procurent les croissances à deux chiffres, l'industrie du disque n'a pas prêté attention à l'arrivée d'Internet, ni réfléchit aux effets qu'il pourrait avoir sur le marché du disque trop occupés qu'ils étaient à produire des compilations en tous genres pour allimenter les rayons des hypers marchés. Par la suite, les éditeurs du disque ont développé des accès propriétaires en misant chacun sur le pouvoir d'attraction de leur propre catalogue. Loupé.
Proposer des systèmes fermés alors qu'Internet repose sur le principe d'un accès ouvert et sans frontière était une erreur stratégique aux conséquences qu'on mesure aujourd'hui.
Ce manque de vision explique mieux encore le succès des plateformes comme Kaaza ou Napster dont la force et l'attrait, contrairement à ce qu'on a laissé croire, reposaient moins sur la gratuité (il fallait quand même posséder un ordinateur et une connexion haut débit) que sur le fait qu'elles proposaient un accès universel à l'ensemble des catalogues disponibles via les discothèques des internautes inscrits.
Pendant que les éditeurs, percutés de plein fouet par cette nouvelle réalité, essayaient d'endiguer le flot de ces échanges en s'agitant devant les tribunaux, Apple a débordé tout le monde en imposant son iPod comme standard et iTunes comme magasin virtuel, magasin qui pèse aujourd'hui 70% du marché de la vente de musique en ligne. Sans catalogue.
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