Les suites de l'affaire Radiohead donne l'occasion de lire, sous la plume de Samuel Laurent (lefigaro.fr), une déclaration de Guy Hands, PDG de la maison EMI/ Virgin, qui déclare : «L'industrie de la musique a depuis trop longtemps été dépendante du nombre de CD vendus. Plutôt qu'adopter la numérisation l'industrie s'est mis la tête dans le sable. Les actions de Radiohead constituent un avertissement auquel nous devrions répondre avec énergie et créativité».
Si cet aveu de faiblesse - bien que tardif - est louable en soit, il appelle quelques commentaires.
Premièrement, voire dans l'initiative de distribution numérique de Radiohead "un avertissement", révèle un cas d'amnésie profond. Il faut donc rappeler à Mr Hands qu'avant Radiohead, d'autres artistes, et non des moindres, ont tiré des coups de semonce. Paul McCartney a signé avec Starbuck Coffee Music, Nine Inch Nail a diffusé des titres sur le net sans l'autorisation de sa maison de disque, et Prince a distribué gratuitement son dernier album via un titre de presse. Depuis, Madonna a tiré une nouvelle fois sur l'ambulance en signant avec un tourneur plutôt qu'une maison de disque.
Deuxièmement, il est à craindre que les décisions stratégiques, financières et managériales prises depuis le début de la crise n'aient sérieusement endommagé la machine.
Sur le plan stratégique, si les discours alarmistes qui visaient à obtenir une nouvelle baisse de la TVA ont échoué, ils ont eu pour effet pervers de faire fuir les élèves des grandes écoles et autres créateurs de tous poils qui sont maintenant autant attirés par le secteur du disque que les mouches par le vinaigre…
A ce problème des temps futurs, s'ajoute celui du temps présent. Avec des effectifs réduits de moitié en quatre ans (les effectifs d'Universal Music France sont passés de 450 à 250, ceux d'EMI/ Virgin de 500 à 300 et la fusion de Sony avec BMG s'est soldée par le licenciement de près de 200 personnes) et une pression tous les jours plus forte sur les résultats financiers, l'ambiance n'est ni aux investissements ni à la créativité.
Question posée à Mr Hands : on fait comment ?
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