Le 16 mai dernier, MK2 a mis en ligne une plateforme de distribution de films (VoD) sous sa propre marque. Ainsi, en un peu plus de trente ans, Marin Karmitz et maintenant son fils, auront progressivement étendu le champ de leurs activités de la réalisation à la distribution en passant par l'exploitation de salles et la production. En procédant ainsi la maison Karmitz s'est assurée les moyens de diffusion dans de bonnes conditions des œuvres qu'elle produit et/ ou dont elle assure la distribution, et qui plus est, chaque étape lui a permis de multiplier ses sources de revenus tout en gagnant en indépendance. Avec sa propre plateforme de VoD adaptée au développement du commerce en ligne, MK2 a mis en place un système qui lui permet maintenant de s'affranchir des portails de distribution contrôlés par les grands médias – TF1, Canal+…- ou les opérateurs de téléphonie – Alice, Orange…- et de gérer en direct la relation avec ses clients. Dans le montage de cette mécanique de précision, Marin Karmitz, n'a jamais oublié de mettre en avant la marque MK2 dans chacune de ses activités, qu'il s'agisse du nom des salles ou de la charte graphique des jaquettes vidéo et d'en faire ainsi l'emblème d'un cinéma d'auteurs, européen et de qualité. Chose unique dans les secteurs culturels qui ont toujours privilégié l'exposition des produits pour ne réserver à leur marque qu'une place qui tient du minimum légal, la marque MK2 est placée au cœur des campagnes d'affichage qui fleurissent sur les murs du métro parisien.
"À quoi ça sert ?" demandent les sceptiques. A contrôler son destin. A l'heure où les fournisseurs d'accès et autres opérateurs de téléphonie inventent les guichets dématérialisés, créent de nouvelles barrières de péage et rendent le passage sur leur portail obligatoire pour qui veut proposer ses productions à un large public, rendre sa marque forte et identifiable, permet de rendre son offre repérable dans la multitude. Rendre son offre repérable revient à faire endosser à sa marque l'aura d'un label de qualité. Les budgets des consommateurs étant limités et les offres quasi illimitées, une marque forte servira de balise, de repère. Avec sa plateforme, MK2 pourra ainsi choisir de commercialiser les films dont elle assure la distribution comme elle l'entend, au prix qu'elle fixera dans le cadre de son propre business plan et non pas sous la pression commerciale exercée par telle ou telle autre plateforme. Une réflexion de même nature pourrait être menée par certains éditeurs de livres dans le cas d'une commercialisation de tout ou partie des ouvrages et/ ou de leurs collections – notamment des références indisponibles dans les librairies - via des plates formes numériques permettant soit la consultation d'ouvrage en ligne, soit l'achat de fichiers à télécharger. Dans le livre, les frais liés à la distribution/diffusion physique (remise commerciale comprise) s'élèvent à 50% environ du prix public d'un livre. En créant son propre outil de diffusion par Internet, un éditeur peut donc réaliser une économie qu'il pourrait réinvestir dans l'exploitation de cet outil et/ ou la promotion de ses ouvrages. A l'heure où le secteur s'apprête à vivre sa troisième année consécutive de crise - -0,5% en 2005, -1,5% en 2006, +/- 0% sur le premier trimestre 2007 – il me semble qu'il y a là une piste à creuser. Mais peut-être faut-il attendre encore un peu…?
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